Qui a créé la prière du chapelet ?

Que signifie faire le chapelet ou le rosaire, et d’où viennent ces pratiques ? Dans cet article, nous expliquerons l’évolution de ce support de prière au cours d’un millénaire.

Le chapelet asiatique

On pense que le chapelet, comme la cloche, est originaire d’Asie. Ses origines remontent à des milliers d’années en Inde, et sa fonction première est de concentrer les pensées d’une personne sur une prière. Ainsi, le chapelet existait dans l’hindouisme et le bouddhisme bien avant de devenir un élément central de la croyance chrétienne orientale et occidentale.

Le chapelet indien original a reçu le nom sanskrit de « mala », qui se traduit par « collier de méditation ». Les 108 grains ou perles représentent les 108 noms de Bouddha dans le bouddhisme. Son récit vise à être un baume spirituel pour les blessures de l’âme. Les grains successifs ont pour but de focaliser l’attention sur un thème méditatif ou un mantra particulier.

Histoire du chapelet dans le christianisme

Dès l’ère apostolique, les moines orientaux appelés anachorètes ont commencé à utiliser des prières chantées pour concentrer leur esprit sur le Dieu de la Bible. La majorité d’entre eux récitent les 150 psaumes de David, et Palladius décrit un homme religieux qui emmagasine sur lui des petits cailloux qu’il lance au rythme de ses prières. Pour les aider dans leur cheminement spirituel et donner le tempo de la récitation des écritures et des prières, les ermites égyptiens ont enfilé une série de cloches sur une chaîne. Peu de temps après, les chapelles nouvellement formées ont centré leur culte sur le Saint-Père, ce qui leur a valu le premier surnom occidental de « paternostre ».

Cela signifie que la chapelle dédiée au Saint-Père n’a commencé à prôner la dévotion mariale qu’au milieu du Moyen Âge, alors que l’époque était déjà bien avancée. Il est à noter que la distribution des grains serait divisée en mystères de la vie de Jésus, ce qui est une preuve supplémentaire de l’opportunité de faire conduire par le Christ une prière à Dieu le Père.

Signification du chapelet 

Le mot « chapelle » vient du Moyen Âge, lorsque la plupart des foyers et des communautés avaient une statue de la Vierge Marie avec une couronne de roses sur la tête. Cette coiffure fleurie a inspiré le vieux mot français « chapelle« , qui signifie « chapeau« . Chaque rose était utilisée dans une prière nocturne qui a donné naissance au surnom du rosaire.

Ensuite, au lieu d’une série de fleurs délicates, on peut imaginer disperser des grains de buis, d’olivier ou même d’argent le long d’une corde. Sainte Brigitte d’Irlande, au sixième siècle, a centré les prières Notre Père et Je vous salue, Sainte Reine, Marie sur ces grains, en citant le texte biblique. Au XIe siècle, le sens de la chapelle avait pris une tournure résolument matriarcale.

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La transition de Notre Père, à je vous salue Marie

Depuis le troisième siècle, les chrétiens répètent les paroles de l’ange de l’Annonciation : « Je te salue Marie, pleine de grâce. » Au IXe siècle, on ajoute une antiquité révolue en empruntant la déclaration d’Elisabeth lors de la Visitation.

Au XIIe siècle, la dévotion à Marie s’épanouit en Occident, et l’ancien de l’aven touche la sensibilité du peuple qui trouve plaisant de le reprendre dans une boucle ; en même temps, les chrétiens d’Orient commencent à se livrer à une sorte de récitation sincère appelée philocalie. Dans les deux cas, l’utilisation d’une prière permet de concentrer son esprit et de synchroniser l’invocation avec sa respiration.

Au XVe siècle, à Prussa, l’abbé de la Chartreuse de Trèves recommandait à ses novices de réciter ces prières d’invocation en réfléchissant à la vie de Jésus. A partir de là, le prédicateur dominicain Alain de la Roche répand l’usage du chapelet dans toute la Flandre et l’Artois. Il s’inspire des méditations évangéliques écrites par le prêtre allemand et les insère dans n’importe quel récit. Au XVIe siècle, de nombreux exemplaires imprimés de ces méditations de chapelle se sont largement répandus.

Symbole de la victoire contre l’État islamique

La signification du rosaire va exploser en 1571. Lorsque les Turcs menacent et que leur flotte, supérieure en nombre, se rassemble à l’extérieur de l’Europe chrétienne, le pape Pie V appelle tous les chrétiens à prier dans la chapelle afin de repousser l’invasion islamique qui se prépare. Grâce à la foi, l’issue de la bataille lui est indiquée avant qu’elle ne soit officiellement déclarée comme une victoire. Tout l’hémisphère occidental célèbre le miracle de Lépante dans un élan de gratitude, et le chapelet devient la prière universelle du peuple chrétien.

Les musulmans utilise aussi leur chapelet

Les musulmans créent leur chapelet personnel à partir de dattes et d’autres petits objets appelés sabha ou misbaha. Si la légende islamique attribue cet objet au prophète, d’autres théories suggèrent que les musulmans ont emprunté le chapelet de grains aux chrétiens lors de rencontres avec des caravanes au Moyen-Orient aux VIIe et VIIIe siècles ou lors de guerres de religion. Pour chacun des 99 noms d’Allah, un chapelet musulman comporte 99 grains. Il n’y a pas de signification connue pour ce nombre, bien que certains historiens aient émis l’hypothèse qu’il puisse s’agir d’une référence à la doctrine chrétienne de la Sainte Trinité (33 x 3 = 63), au grand dam des Mahométans qui étaient opposés à l’idée d’un messie chrétien. Cliquer ici pour en savoir plus.

Le chapelet turc, plus court, s’appelle un tespi et compte 33 grains (chacun égalant 3).

Les musulmans africains prononcent les noms d’Allah en mélangeant les grains entre leurs doigts, et ils croient que la prière s’accomplit automatiquement au fur et à mesure qu’ils avancent dans le rituel, proclamant à chaque étape « allah ouakbar, Allah est le plus grand » (affirmation de la supériorité de l’Islam sur les religions des infidèles).